L’action Alstom suscite aujourd’hui de nombreuses interrogations chez les investisseurs. Entre son statut de leader mondial du transport ferroviaire et les défis d’un secteur en pleine transformation, cette valeur mérite une analyse approfondie. Dans cet article, je vous propose un regard d’expert sur les performances récentes d’Alstom, ses perspectives d’avenir et les risques à considérer. Mon objectif ? Vous donner tous les éléments pour prendre une décision éclairée, sans promesse de miracle, mais avec la rigueur que mérite votre patrimoine. Si vous cherchez un investissement structuré dans le secteur des infrastructures, poursuivez votre lecture.
Présentation d’Alstom : Un acteur majeur du transport ferroviaire
Fondée en 1928, Alstom s’est imposée comme l’un des leaders mondiaux de la mobilité ferroviaire. L’entreprise française conçoit, fabrique et maintient des systèmes de transport intégrés, des trains à grande vitesse aux métros urbains, en passant par les solutions de signalisation. Avec plus de 80 000 collaborateurs dans 70 pays, Alstom détient environ 25% du marché mondial ferroviaire, se positionnant face à des concurrents comme Siemens ou CRRC.
Ce qui distingue Alstom, c’est sa capacité d’innovation constante. L’entreprise investit massivement dans les technologies de demain : trains à hydrogène, systèmes de conduite autonome, solutions digitales pour l’exploitation ferroviaire. Cette stratégie répond parfaitement aux enjeux actuels de transition écologique et de modernisation des infrastructures de transport.
Analyse des performances financières récentes
Pour évaluer sereinement une action, il faut d’abord décrypter les fondamentaux financiers de l’entreprise.
Chiffres clés et ratios financiers
Sur l’exercice 2023-2024, Alstom a généré un chiffre d’affaires de 17,6 milliards d’euros, en croissance de 5% par rapport à l’année précédente. La marge opérationnelle ajustée s’établit à 5,8%, témoignant d’une rentabilité correcte mais perfectible dans un secteur exigeant.
Le ratio PER (Price Earnings Ratio) d’Alstom oscille autour de 12-15, ce qui reste raisonnable comparé à d’autres valeurs industrielles. Le ratio d’endettement net sur EBITDA s’élève à environ 2,1x, un niveau qui nécessite surveillance mais demeure gérable. La trésorerie nette disponible de 1,2 milliard d’euros offre une marge de manœuvre appréciable pour financer la croissance et faire face aux aléas conjoncturels.
Points forts et faiblesses du bilan
Les atouts d’Alstom reposent sur un carnet de commandes solide de 86 milliards d’euros, garantissant une visibilité sur plusieurs années. La diversification géographique et technologique limite les risques de concentration. L’expertise technique reconnue et les barrières à l’entrée élevées du secteur ferroviaire constituent des avantages concurrentiels durables.
Côté faiblesses, l’endettement reste élevé, héritage notamment de l’acquisition de Bombardier Transport. Les délais de réalisation des projets ferroviaires exposent l’entreprise aux dépassements de coûts et aux retards de livraison. La dépendance aux commandes publiques rend Alstom sensible aux cycles budgétaires des États et collectivités locales.
État actuel du cours de l’action Alstom
L’action Alstom traverse une période de consolidation qui mérite une analyse technique et fondamentale approfondie.
Évolution du cours sur les derniers mois
Sur les douze derniers mois, l’action Alstom a évolué dans une fourchette comprise entre 15€ et 25€, reflétant une certaine volatilité caractéristique des valeurs industrielles cycliques. Le cours a particulièrement souffert des inquiétudes sur l’inflation des coûts et les retards sur certains contrats majeurs. Les résultats semestriels ont apporté un regain de confiance, avec une reprise technique notable au-dessus des 20€.
Les volumes de transaction restent soutenus, témoignant de l’intérêt constant des investisseurs institutionnels pour cette valeur. Les annonces de nouveaux contrats et les perspectives de croissance dans les transports verts soutiennent régulièrement le cours, tandis que les préoccupations macroéconomiques peuvent créer des mouvements baissiers temporaires.
Analyse technique et tendances
D’un point de vue technique, l’action Alstom évolue au-dessus de sa moyenne mobile 200 jours, signal plutôt encourageant pour les investisseurs de moyen terme. Les niveaux de support se situent vers 18-19€, tandis qu’une résistance technique apparaît aux alentours de 24-25€. Le RSI (Relative Strength Index) reste dans une zone neutre, n’indiquant ni survente ni surachat excessif.
Cette configuration technique suggère une phase d’accumulation, propice aux investisseurs patients recherchant un point d’entrée sur une valeur de croissance structurelle. L’analyse chartiste doit toutefois s’accompagner d’une vision fondamentale solide, car les catalyseurs sectoriels primeront sur les signaux techniques à moyen terme.
Perspectives et stratégie d’Alstom
L’avenir d’Alstom se dessine autour de mégatendances porteuses pour les décennies à venir.
Carnet de commandes et projets en cours
Le carnet de commandes d’Alstom, d’une valeur record de 86 milliards d’euros, illustre la solidité de ses positions commerciales. Parmi les contrats phares, citons les trains à grande vitesse pour l’Italie, les métros automatiques pour diverses métropoles mondiales, ou encore les solutions de signalisation digitale ERTMS déployées en Europe.
Les projets d’avenir s’articulent autour de la mobilité décarbonée : trains à hydrogène Coradia iLint, systèmes de transport intelligent, maintenance prédictive grâce à l’intelligence artificielle. Ces innovations positionnent Alstom en phase avec les politiques publiques de transition écologique et les investissements massifs prévus dans les infrastructures ferroviaires mondiales.
Positionnement sur le marché international
Alstom bénéficie d’une présence équilibrée entre l’Europe (60% du chiffre d’affaires), les Amériques et l’Asie-Pacifique. Cette diversification géographique limite l’exposition aux cycles économiques régionaux. Les marchés émergents, notamment en Inde et en Afrique, offrent des perspectives de croissance significatives grâce aux investissements d’infrastructure.
Face à la concurrence chinoise de CRRC et allemande de Siemens, Alstom mise sur son excellence technologique et sa capacité d’adaptation locale. Les partenariats stratégiques et les joint-ventures permettent de pénétrer des marchés exigeants tout en maîtrisant les risques géopolitiques.
Facteurs de risques à considérer
Un investissement éclairé nécessite d’identifier clairement les zones d’ombre et les risques potentiels.
Risques sectoriels et concurrentiels
Le secteur ferroviaire présente des défis structurels : cycles de renouvellement longs, dépendance aux budgets publics, complexité réglementaire. Les appels d’offres internationaux se durcissent, avec une concurrence accrue des acteurs chinois disposant de financements avantageux. Les évolutions technologiques rapides imposent des investissements R&D constants pour maintenir la compétitivité.
La consolidation du secteur pourrait modifier les équilibres concurrentiels, tandis que l’émergence de nouveaux modes de transport (véhicules autonomes, mobilité aérienne urbaine) pourrait questionner à long terme la place du ferroviaire. Pour un investisseur prudent, ces risques militent pour une approche diversifiée du portefeuille.
Risques financiers et opérationnels
L’exposition internationale d’Alstom génère un risque de change significatif, particulièrement face au dollar américain et aux devises émergentes. Les projets ferroviaires, par leur complexité, présentent des risques de dépassements budgétaires et de retards de livraison, comme l’ont illustré certains contrats récents.
L’endettement, bien que maîtrisé, reste élevé et sensible à l’évolution des taux d’intérêt. Une récession économique pourrait reporter certains investissements publics et impacter la demande. Ces risques rappellent l’importance de bien calibrer sa tolérance au risque avant tout investissement dans cette valeur cyclique.
Notre avis d’expert sur l’action Alstom
Après 25 ans d’accompagnement d’investisseurs, je porte un regard nuancé mais globalement constructif sur l’action Alstom.
Potentiel de croissance à moyen terme
Alstom bénéficie de vents porteurs structurels : transition écologique, urbanisation mondiale, vieillissement des infrastructures ferroviaires. Les plans de relance post-COVID et les politiques climatiques européennes soutiennent durablement la demande. L’expertise technologique de l’entreprise et son avance sur les solutions décarbonées constituent des atouts compétitifs solides.
Néanmoins, la croissance ne sera pas linéaire. Les défis opérationnels et la pression concurrentielle exigent une exécution parfaite de la stratégie.
Sur un horizon 3-5 ans, je table sur une croissance du chiffre d’affaires de 5-7% annuellement, avec une amélioration progressive des marges grâce aux économies d’échelle post-intégration Bombardier.
Recommandations d’investissement
Pour un investisseur de long terme, Alstom présente un profil risque-rendement intéressant dans une allocation diversifiée. Je recommande une approche par étalement dans le temps, profitant de la volatilité pour construire une position graduellement. L’objectif de cours à 3 ans se situe entre 28-32€, soit un potentiel de valorisation de 30-40% depuis les niveaux actuels.
Cette recommandation d’achat progressif convient particulièrement aux profils équilibrés à dynamiques. Les investisseurs prudents privilégieront une exposition via des ETF sectoriels ou des fonds diversifiés. Dans tous les cas, cette position ne devrait pas excéder 3-5% d’un portefeuille diversifié, principe cardinal de la gestion de patrimoine responsable.
Guide pratique pour investir dans l’action Alstom
Passons maintenant aux aspects concrets pour concrétiser votre décision d’investissement.
Modalités d’achat et plateformes recommandées
L’action Alstom, cotée sur Euronext Paris, est éligible au PEA, offrant une fiscalité avantageuse après 5 ans de détention. Les courtiers en ligne comme Boursorama, Bourse Direct ou Degiro proposent des tarifs compétitifs, avec des frais de courtage généralement inférieurs à 0,5% du montant investi.
Pour les montants importants, négocier avec votre banque traditionnelle reste pertinent, notamment pour bénéficier d’un accompagnement personnalisé. Privilégiez les plateformes offrant une interface ergonomique, des outils d’analyse et un service client réactif. La sécurité des fonds, garantie par le Fonds de Garantie des Dépôts, constitue un prérequis non négociable.
Stratégies d’investissement conseillées
Je préconise une stratégie d’investissement programmé (DCA – Dollar Cost Averaging) sur 6-12 mois pour lisser le prix d’entrée. Cette approche limite l’impact de la volatilité court terme tout en construisant progressivement votre position. Fixez-vous un objectif d’allocation (par exemple 2-3% du portefeuille) et répartissez vos achats mensuellement.
Définissez également vos seuils de prise de bénéfices (par exemple +40%) et de limitation des pertes (-20%) pour discipliner vos décisions. Un suivi trimestriel des résultats et de l’actualité sectorielle suffira pour adapter votre stratégie. Rappelez-vous : l’investissement boursier récompense la patience et la régularité, vertus que j’ai pu vérifier au fil de mes 25 années d’expérience.
